UN ROBOT NOCTURNE DANS LA GRANDE PYRAMIDE

16-17 septembre 2002

Quelques soient les particularités architecturales encore inconnues de la grande pyramide, la retransmission, en direct, par la chaine Fox (production National Geographic), de l'essai d'exploration de la nuit dernière a les relents désagréables du racolage spectaculaire.

Le choix du direct est déjà choquant en soi. Il n'apporte rien, au contraire, et privilégie l'instant (qui est "vendu" malgré son inintelligibilité) au détriment de l'analyse scientifique. Ce coup médiatique explique l'horaire de la diffusion : il est réglé sur les fuseaux de l'Amérique du Nord, cible véritable de cette production. Imagine t-on des fouilles la nuit dans la cour du Louvre afin de satisfaire les télespectateurs d'Outre-Atlantique?

Ce manque de respect envers le pays d'origine est encouragé par Zahi Hawass, qui paraît être plus intéressé par sa propre gloire. Or les égyptologues ne sont pas des matamores, ni des Indiana Jones. Le moment de la découverte, même s'il est émotionnellement fort (voir le récit de la découverte de la tombe de Toutankhamon, des tombes de Tanis ou de KV5), ne serait rien sans les recherches patientes, durant parfois plusieurs décennies, qui la précèdent et la suivent. L'égyptologie n'est pas un sport.

Ne tombons pas dans le piège marketé de cette industrie des rêves, qui est là pour nous vendre quelque chose, et non pas pour informer. Cela pollue plus la science que cela ne la finance. Car si l'égyptologie, de science pour comprendre l'homme, se transforme en bien de consommation, l'Egypte ancienne mourra définitivement.


Les télespectateurs ont attendu pour rien : le robot a trouvé une pierre devant lui après avoir creusé la "porte". Pour sauver la face, on a dit qu'il s'agissait d'une "deuxième porte". Après tout, espérons-le, mais en tous cas le robot a été incapable d'aller voir derrière.

Ils auraient dû faire comme cet archéologue japonais, récemment condamné, qui plaçait de vrais objets de sa collection au fond de son chantier de fouilles à Tokyo pour en révolutionner la datation. Mais peut-être le feront-ils un jour. A quand des caméras jours et nuits dans les chantiers de fouilles avec des découvertes "scénarisées" à la Loft Story?

http://fr.news.yahoo.com/020917/85/2raht.html

Renaud de Spens.

18/09/02
© Renaud de Spens, 2000-