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Nouvelle session de cours d'épigraphie égyptienne en novembre 2013
Moïse et l'exode

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De Benoit
2002-04-23
 
Bonjour à tous,

Tout d'abord avant de commencer, je voudrais signaler que la Bible n'est pas l'unique ouvrage de référence pour trouver des informations sur l'exode. Il y a aussi Le Coran. Le Coran retrace, en moins détaillé le parcours de Moïse. Je sais qu'en ce moment il est difficile de parler du Coran, mais je crois que cela peut être très utile.

Le Coran retrace quelques faits comme l'ouverture de la mer par Moïse et sa fermeture sur l'armée du Pharaon. Maurice Bucaille a écrit 2 livres très intéressants à ce propos, mais je ne me souviens pas du titre du second. Le premier est "La Bible, le Coran et la Science". En Bref, Maurice Bucaille fait l'hypothèse que le Pharaon de l'exode était Merenptah. Il a commencé tout d'abord par établir une chronologie, qu'il situe aux alentours du règne de Ramses II. Puis par une étude des livres saints, il en a déduit que le plus probable serait Merenptah. Pourquoi ? Car, dans Le Coran, il est dit que le corps de Pharaon sera conservé afin que cela soit un signe de l'existence de Dieu. La momie de Merenptah a été retrouvée et une autopsie a été effectuée. Plusieurs hypothèses de la mort du Pharaon Merenptah ont été exposées. Deux, si mes souvenirs sont bons. L'une étant un choc emotionnel très grand, l'autre la noyade ! Maurice Bucaille a demandé une autre autopsie mais les autorités égyptiennes ont refusé. De plus, dans le tombeau de Merenptah, il a été trouvé une stèle qui comportait le mot Israël, la seule parmi toutes les stèles retrouvées.

Voila, si vous avez des commentaires ou des démonstrations qui me prouvent le contraire, je les lirai avec grand plaisir.

A bientot.

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De Hugues Perdriaud
2002-04-23
 
Précision concernant la stèle dont vous faite état, reprenant ce qu'écrivait M. Bucaille (dont, par ailleurs, les travaux datent tout de même un peu) et qui cite le mot Israël.

Il ne s'agit en aucun cas d'une stèle retrouvée dans la tombe de Merenptah, mais d'une contre-inscription élaborée au dos d'un récit merveilleux daté d'Amenhotep III et exposé dans son temple funéraire aujourd'hui disparu (dont il ne reste que les fameux colosses dits de Memnon). Cette stèle qui a connu une destinée assez remarquable est actuellement exposée dans un recoin du Musée du Caire. Elle mesure plus de trois mètres de haut (cf le mémoire de maîtrise de J.Rizzo présenté à Montpellier en 1996, il me semble, consacré à la grande stèle d'Amenhotep III) Le récit datant du règne de Merenptah parle d'une série de victoires remportées sur les peuples des Neuf Arcs: "Gezer est saisie, Yénoam devient comme si elle n'avait pas existée, Israël est détruit, sa semence n'est plus." (cf Cl.Lalouette Textes sacrés et Textes Profanes de l'ancienne Egypte, T.1, nrf Connaissance de l'Orient, p.124). Cette mention a valu au monument le titre de "stèle d'Israël" mais absolument rien dans son contenu ne peut éclairer certains événements liés à un éventuel exode.

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De Gilles Legrand
2002-08-10
 
Bonjour !

Question pour les philologues : quel est l’étymologie, l’origine et la signification du nom de « MOÏSE » ?
Le nom est-il d'origine égyptienne ou hébraïque ?

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De Jacques Legendre
2002-08-10
 
Bonjour,

Le nom "Moïse" en français est une déformation de l'hébreu Moshéh (mem, Shin, He pour les puristes) c'est une contraction de l'hébreu mechitihou : "je l'ai tiré des eaux". Pour avoir toutes les extrapolation sur le nom de Moïse il vous faudrait consulter un rabbin car tous les commentaires et à commencer par la guématria, seraient un peu long pour cette réponse.
Le nom est d'origine égyptienne ayant été donné par la fille de pharaon après le sauvetage de Moïse des eaux du Nil, mais transcrit en hébreu dans la Bible.

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De Vincent Laisney
2002-08-10
 
Bonjour,

Il y a une difficulté avec moise (= mosché en hébreu) venant de msw égyptien. C'est que le Schin hébreu correspond au sche égyptien et non au esse. C'est pourquoi des égyptologues de renom se sont rabattu sur l'étymologie de Flavius Joseph égyptienne aussi: mw wDA: Sauvé des eaux. Mais elle ne correspond pas à la syntaxe égyptienne et a sans doute été créée par des juifs cherchant une meilleure étymologie que celle donné par la bible car en hébreu obvie mosché signifie "celui qui (re)tire" (participe présent actif) (meschiti-hou me semble une explication ad-hoc car il faudrait expliquer les changement vocalique lors de l'abréviation).

Une solution a été proposé entre autre par Joachim F. Quack: c'est que le s égyptien correspond au th (le dal avec un point en arabe) en sémitique ancien car le samech sémitique était alors prononcé ts et le th était l'apoximation la plus proche de s (prononcé comme en français). Or en hébreu le th du sémitique original est devenu schin (il est devenu t en araméen). p. ex. schalosch (trois) hébreu ou scheleg (neige): ces mots correspondent au th arabe et au t araméen.

Si cette théorie est exacte elle montre que l'emprunt du nom de moise est très ancien alors que le nom de la ville de pi-ramesses est bien plus récent parce que le s égyptienne a donné un samech hébreu (à l'époque le samech n'avait plus la prononciation ts)

En espérant que cela est assez clair.

Amicalement.

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De Solange Besnard-Garreau
2003-02-23
 
Bonsoir,

L'Exode : mythe ou réalité? Voilà le titre du dossier que vous trouverez dans Toutankhamon le magazine sur l'Egypte ancienne N° 5. Ce dossier : l'Exode a-t-il eu lieu sous l'Ancien Empire? traité par Grégoire Alexandre est passionnant . "....il faut situer l'épisode de l'Exode, non plus au 13ème siècle av J.C. sous la XVIIIème ou XIXème , mais au-delà du 2ème millénaire , sous la VIème dynastie (2345 -2181 av J.C.)... (sous le règne de Pépi Ier)

L'auteur survole pour nous le récit biblique et sa conclusion dans ce chapitre ".......Le développement de la philologie critique a permis d'étudier le contenu même de la Thora"la Loi"....Le travail de datation de l'Exode effectué par Lepsius s'inscrit autant dans la lignée d'un philologue comme Wellhausen,que dans celle de Champollion qui a permis un accès direct aux sources égyptiennes......Le développement de l'archéologie a été crucial. Les travaux de reconstitution de la géographie.........la découverte de Ninive, celle de la stèle de Méremptah ou celle des archives cunéiformes de Mésopotamie et naturellement des fouilles modernes, ont permis de préciser des pans de l'histoire d'Israël et d'échafauder notamment des hypothèses quand à l'historicité de l'Exode". L'auteur ensuite nous décrit l'itinéraire de l'Exode,et esquisse quelques visages de l'Egypte dans la Genèse. Il donne un court résumé de l'ouvrage de Israël Finkelstein et Neil Asher Siberman"La Bible dévoilée".

Le dossier s'achève par un article de François Tonic qui se veut "informatif et le plus proche possible des hypothèses historiques réalistes et les interrogations modernes". Le titre de l'article Le problème de la chronologie- Ramsès II or not Ramsès II ?

J'espère que vous pourrez lire les textes dont j'ai extraits quelques éléments.

Petite réflexion personnelle parmi bien d'autres S'il s'agit d'un mythe, nous n'avons pas à chercher de preuves. S'il s'agit d'une réalité , il faut alors chercher des preuves, qui ne se limiteront pas seulement à l'existence de l'Exode et du grand Moïse, mais aussi, à celle de Dieu.

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De Renaud de Spens
2003-02-23
 
>S'il s'agit d'un mythe, nous n'avons pas à chercher de preuves.
>S'il s'agit d'une réalité , il faut alors chercher des preuves,

Ce n'est pas la bonne méthode... On ne sait pas s'il s'agit d'un mythe ou d'une réalité avant d'avoir des preuves. Ceux qui sont persuadés que l'Exode est une réalité tentent d'interpoler les sources pour trouver des preuves.

OR IL N'Y A AUCUNE SOURCE EGYPTIENNE QUI EVOQUE L'EXODE.

Cela ne veut bien sûr pas dire que l'Exode n'a pas eu lieu. Mais cela devrait inciter ceux qui y croient à la modestie. Proposer que l'Exode se soit déroulé à l'Ancien Empire est AMHA de la fumisterie. Rappelons que les Hébreux n'existent que depuis peu (le terme "Israël" n'apparaît que sous Mérenptah, et les Hébreux n'entrent n'entrent véritablement dans l'histoire qu'au Xe siècle avant notre ère).

Si l'on croit au récit de la bible, autant être cohérent et aller jusqu'au bout : le calcul biblique fait remonter l'exode à l'époque d'Ahmosis (480 ans avant la fondation du temple de Jérusalem, d'après I, Rois, VI, 1), à peu près, et c'est pour cela que les abbréviateurs juifs de Manéthon identifient les Hébreux aux Hyksôs.

L'Exode, même s'il peut se fonder sur certains éléments historiques (dont l'expulsion des Hyksôs, possiblement "ancêtres" des Hébreux), est l'un des mythes constitutifs de la nation des Hébreux, et doit être analysé comme tel. Il ne viendrait à l'esprit qu'aux extrémistes de prétendre que les dix plaies d'Egypte ne sont pas une métaphore et ont véritablement eu lieu.

Attention aux manipulations mentales qui jouent sur notre inconscient culturel pour nous vendre (en nous faisant saliver avant, comme le chien de Pavlov) des explications faisandées du passé qui hélas produisent "culturalisme", "particularisme", "identitarisme", "choc des civilisations", jusqu'à, parfois, la haine et la guerre.

 

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18/08/2004
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